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La Pierre Bordelaise ?!

30 Septembre 2020

Bordeaux se distingue par la valeur patrimoniale de son centre historique et des quartiers résidentiels qui l’entourent, constitués d’ensembles d’architectures composant la ville de pierre, reconnue aujourd’hui comme Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Depuis quelques années,  la Mairie de Bordeaux incite à nettoyer les façades ce qui a contribué à métamorphoser la ville.

 

Cette Pierre Bordelaise est issue de carrières alentours, il s’agit de la pierre de Frontenac, de Brétignac ou de Sireuil. C’est une pierre de couleur claire, une teinte douce, beige presque blanche, même lumineuse. Comme elle est tendre, elle se travaille facilement et se prête donc bien à la taille. D’une beauté assez difficile à décrire, elle est à la fois inerte et chaleureuse, robuste et fragile. Nombreux sont ceux attirés par son authenticité, attribut qui se perd aujourd’hui dans les matériaux du bâtiment, toujours plus transformés et loin de la matière d’origine qui les compose. Pour Nous, il est donc essentiel de conserver et restaurer ce Patrimoine bâti, essence même du charme de la région Bordelaise.

Comme de nombreuses villes françaises, Bordeaux est devenue une ville de pierre à partir du moment où un célèbre édit de Henri IV, en 1607, a progressivement interdit l’emploi du bois dans la structure des murs des constructions, car ce matériau propageait le feu d’une maison à l’autre en cas d’incendie. Le bois qui fut donc peu à peu réservé pour la construction des planchers, des charpentes et des menuiseries, tandis que des murs en maçonnerie de pierre calcaire tendre remplacèrent les structures à pans de bois. Ce phénomène s’accéléra au XVIIe et surtout au XVIIIe, gagnant les constructions neuves, et remplaçant peu à peu les anciennes façades alignées sur les voies publiques.

 

Ce phénomène de pétrification n’a pu d’abord se produire que grâce à la richesse du sol et du sous-sol girondin dans un rayon de 25 km environ autour de Bordeaux, riche de veines calcaires d’une variété, mais aussi d’une grande qualité. Les principales carrières se concentraient à proximité de la Dordogne et de la Garonne. L’exploitation était facilitée par le transport fluvial, depuis Langon, Libourne, Bourg et Blaye. Les bateaux arrivaient au port de Bordeaux pour décharger leur cargaison. Le marché aux pierres, sur le quai de Paludate, fut longtemps réputé comme le principal lieu d’approvisionnement des maçons et des entrepreneurs. C’est là aussi que l’on jugeait de la qualité suffisante du matériau exigée pour la construction des maisons de Bordeaux.

 

En 1848, un ingénieur dénombre 600 carrières en Gironde. C’est dire l’extraordinaire activité locale des carriers. Ces derniers travaillaient souvent à leur compte. Un carrier pouvait extraire dans une année de 275 jours de travail près de 700m3 de moellon et 200 m3 de pierre dure. Le développement du chemin de fer et, particulièrement à Bordeaux, de la ligne de la compagnie d’Orléans, à partir de 1852, permit d’introduire d’autres variétés de pierres, jusque dans les années 1950 où le ciment détrôna ce matériau traditionnel. 

 

La richesse du paysage de la ville de pierre tient donc autant à l’histoire du matériau, à la diversité de ses provenances, de son aspect et de sa mise en œuvre, qu’à sa rareté actuelle. Aujourd’hui, seules les carrières de Frontenac, Bourg et Vilhonneur fonctionnent encore : ce patrimoine de pierre de Bordeaux est donc d’autant plus précieux que son matériau constitutif est devenu rare.

 

La pierre utilisée à Bordeaux pour la construction est un calcaire issu d’un processus de sédimentation. Sa première qualité est d’être un matériau naturel c’est-à-dire qu’il ne subit, pour être utilisé dans la construction, d’autre transformation que la taille. Les dimensions des blocs de pierres étaient très variées, on trouvait ainsi des modules courants qui devaient présenter au moins 56 cm d’épaisseur, 27 cm de largeur et 30 cm de hauteur, le reste était considéré comme moellon. Toutes les pierres n’ont pas la même texture et la même couleur. Celles-ci varient selon les carrières. Très lisses ou coquillières, leurs teintes vont de l’ocre-jaune au blanc marbré. Comme tous les matériaux, la pierre est définie par une série de caractéristiques techniques qui permettent de l’identifier et d’en reconnaître les différentes qualités correspondant à différents usages dans la construction : 

 

> la résistance à la compression qui fait que les pierres peuvent être utilisées pour monter des murs

> la dureté, définie en fonction de la position et de l’usage d’une pierre dans une façade;

> la porosité qui fait varier le poids et la résistance : plus une pierre est dense, moins elle est poreuse, son poids augmente, et sa résistance également

> la porométrie qui mesure la taille des pores : plus les pores sont grands, plus les saletés et les pollutions pourront s’y loger.

 

La porosité de la pierre est un élément-clé. Elle permet à l’eau et à l’air de circuler au travers. Une pierre trop poreuse ne pourra donc être exposée à la pluie sans être recouverte d’un enduit. Les pierres calcaires taillées se couvrent, sous l’action du gaz carbonique et de l’eau, d’une couche de carbonate de calcium appelée calcin. Le calcin est la forme naturelle de vieillissement et de protection de la pierre. Cette couche, plus dure et moins poreuse que la pierre, réduit l’impact des intempéries, des frottements et des petits chocs mécaniques, et limite l’adhérence de la salissure. C’est pourquoi la pierre calcaire peut être utilisée sans adjonction d’enduit dans la construction de murs extérieurs.

À l’époque de leur construction, l’épaisseur de la maçonnerie des immeubles bordelais est définie en fonction des charges et des normes de solidité imposées par la Ville dans les règlements de voirie. Les murs de façade sont les plus solides par rapport aux murs sur cour ou jardin et aux murs de refend. Les murs de cave et les semelles de fondation augmentent d’épaisseur à mesure que la construction est fondée en profondeur, c’est ce qu’on appelle l’empattement des fondations. À l’inverse, l’épaisseur des murs diminue à mesure que la construction s’élève en hauteur : ainsi de minces murs dans les étages d’attique allègent le poids des parties supérieures.

 

La pierre est choisie selon sa destination et sa fonction dans la construction. On utilise des pierres plus fermes pour les éléments sculptés (corniches, frises, décors...), pour des éléments soumis à de fortes charges (linteaux, encadrements, voussoirs, sommiers...), à un usage fréquent (pierre marbrière, marches de seuil, escaliers), au feu (entourage et manteau de cheminée) ainsi que pour les éléments exposés à l’humidité et aux contraintes climatiques (éléments en saillie, soubassements, bandeaux…). On utilise des pierres tendres et moins coûteuses pour les parties de maçonnerie les moins sensibles afin de diminuer les coûts de construction.

 

La qualité des architectures de la ville de Bordeaux dépend de la manière dont les générations passées ont su tirer parti des qualités de la pierre calcaire pour édifier toutes sortes de bâtiments.

La construction en pierre est un un métier de spécialistes amoureux de ce matériau. Les blocs de pierre sont extraits par les carriers dans des carrières à ciel ouvert ou bien en galeries. Bien qu’il existe encore quelques exploitations artisanales, la plupart des carrières disposent aujourd’hui d’équipements mécaniques modernes. L’appareilleur dessine les formes sur un calepin d’appareillage. Le tailleur de pierre débite d’abord le bloc en tranches, puis coupe, façonne, pour les monter, les assembler suivant un ordonnancement rigoureux et méthodique. La taille de finition ne s’effectue qu’après la pose. L’ornemaniste ou le sculpteur interviennent directement sur l’ouvrage après la pose des pierres, bien que certaines sculptures, pour des raisons pratiques, soient souvent réalisées en atelier.

 

Malgré son apparence robuste, la pierre est aussi un matériau sensible dont il faut prendre soin. Elle réagit à l’eau, au gel, à la pollution, aux bactéries, à l’acidité des plantes, aux sels minéraux. Dans le département de la Gironde, Bordeaux est proche de l’océan avec des embruns chargés de sel et d’eau qui parcourent les terres par très mauvais temps et agressent la ville de pierre. Les pierres peuvent aussi se casser sous l’effet de chocs ou de surcharges. Bien souvent, l’altération de la pierre est due à une combinaison de facteurs et de phénomènes variés. C’est pourquoi seul un diagnostic complet permet de déterminer, de comprendre les causes d’une altération et de choisir la technique adaptée à sa restauration. Utiliser des techniques inadaptées s’avère toujours néfaste à plus ou moins long terme.

 

 

> L’encrassement

> Les traces d’humidité

> Les mousses, les lichens et la végétation

> La maladie de la pierre : le sulfin

> Les fissures et lézardes

> L’éclatement

> Le salpêtre

> L'altérations des joints

> Les revêtements inadaptés

 

 

L’embellissement et la mise en valeur des architectures de pierre vont du simple nettoyage à des travaux de restauration importants. Afin d’éviter de lourds travaux, il convient d’entretenir régulièrement les constructions et de respecter les caractéristiques du matériau pour ne pas engendrer des altérations irrémédiables.

 

Avant toute intervention, il est primordial d’effectuer un diagnostic précis. Les variétés de pierre ont chacune leur façon de vieillir en fonction de leur provenance, de leur emploi et de leur exposition. Le diagnostic permet de déterminer la nature et les causes des altérations constatées mais surtout de déterminer l’urgence des travaux et les procédés à mettre en oeuvre.

 

Le diagnostic doit prendre en compte :

 

> La nature de la façade,

> L’origine et les caractéristiques techniques des matériaux

> Les différentes causes des dégradations,

> La nature de la saleté et le degré d’encrassement, 

> Le niveau d’usure des pierres,

> L’identification des pierres à assainir et à restaurer ou à remplacer,

> L’état des joints et leur composition (avec ou sans ciment blanc),

> Le diagnostic s’appuie sur la lecture de la façade.

 

Il sera toujours bon de faire appel à des professionnels, de bien observer la façade, les murs et repérer les désordres avant toute restauration et protection de murs de pierres bordelaises, ainsi que faire les bons choix environnementaux. 

 

Pour réaliser les travaux sur la pierre (ravalement, modification de façade, etc…), une déclaration préalable doit être déposée en Mairie auprès de la Direction du droit des sols et de l’architecture durable. Cette déclaration permettra aux services compétents (Mairie, architecte des bâtiments de France) de s’assurer que votre projet respecte les règles d’urbanisme et d’architecture en vigueur dans la ville.

 

Le formulaire de déclaration préalable est disponible :

> à la Mairie de Bordeaux, Direction Générale de l’Aménagement I Direction du droit des sols I 57 Cours Pasteur I 33 000 Bordeaux ;

> sur le site internet de la Mairie : www.bordeaux.fr (accueil/vos démarches/toutes les démarches/logement-urbanisme/constructions/formalités ;

> sur le site internet du Service Public et de l’Administration Française : (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R11646)

 

La mairie dispose d’un mois pour instruire le dossier s’il est complet. Le délai d’instruction passe à deux mois dans un certain nombre de situations, notamment lorsque les travaux sont situés en secteur sauvegardé ou en zone de protection d’un monument historique, ce qui est souvent le cas à Bordeaux. La déclaration préalable est valable durant 2 ans. Les travaux doivent commencer dans ce délai et ne peuvent pas être interrompus pendant plus d’une année.

 

Pour plus d’informations : 

 

http://www.bordeaux2030.fr/sites/www.bordeaux2030.fr/files/La-Pierre-BD.pdf

 

http://www.bordeaux2030.fr/sites/www.bordeaux2030.fr/files/La_declaration_prealable.pdf

À très bientôt !

Cabinet BIEC

09 81 13 95 17 / contact@biec.fr

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